michouthe

Je suis Malien et je le resterai : « zouska » à la mort, dixit Alou Sam !

www.pri.org
www.pri.org

Depuis 2012 ; depuis cette année fatidique ou mon cher pays, le Mali a connu une déconvenue des plus spectaculaires que j’ai décidé de n’avoir plus honte d’être Malien. Même si j’avoue que cela ne m’enchante plus de reprendre comme par le passé cette maxime : «Je suis un Malien et fier de l’être ». Cependant quand je jette un regard sur l’avenir politique de notre pays je me rends compte que la question d’identité nationale a été de tout temps remise en cause, du moins en ce qui concerne les Touaregs. D’où cette interrogation qui me trotte l’esprit à chaque fois : comment atteindre l’identité nationale dans un pays ou un groupe ethnique ne se sent pas appartenir à la nation ?

La nation malienne et la question de l’identité nationale 

Au Mali, la nation est apparue depuis toujours comme un acquis, hormis bien attendu la récurrente crise touarègue au Nord. Mais pourquoi ce groupe se retrouve-t-il à la marge de la nation malienne. La réponse à cette question relève plus d’un sentiment de réfraction à la nation qu’un désir d’autonomie pour les Touaregs. Mieux, il y a même la question d’identité culturelle qui semble être le cœur du propos. Oui, les Touaregs vivant loin du Sud-Mali se sentent parfois culturellement différents. Mais, le territoire et la nation hérités de la colonisation française ont pris un visage ; le visage d’une nation avec des identités culturelles, ethniques, religieuses qui s’est stabilisée depuis.  Ainsi, avec l’indépendance, une nation malienne avec des identités culturelles y compris touarègues s’est constituée. Malgré les soubresauts touaregs au Nord, on a toujours eu le sentiment d’appartenir à une nation solide qui paraissait inébranlable. Au Mali comme ailleurs, l’identité nationale plus qu’un concept est un sentiment général d’appartenance à une nation. Aussi, ne couvre-t-elle pas de nombreuses identités culturelles. C’est pourquoi nous sommes très surpris de voir émerger le projet d’une possible partition de la nation. Oui nous restons confiants en la survie d’une nation malienne telle qu’elle fut à sa création.

Malien « zouska » la mort

Au moment où l’avenir politique semble compromis, voire la survie même du pays, il y a un regain de nationalisme malien à la limite chauviniste. Oui une majorité de Maliens revendique à qui veut l’entendre qu’ils sont Maliens et fiers de l’être. Et ils crient comme Alou Sam dans la chanson qu’ils resteront maliens « zouska » la mort : entendez par jusqu’à la mort. Donc, la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) doit rompre avec ces incertitudes pour se vêtir de l’habit national qu’il porterait « zouska » la mort.

Aujourd’hui ,plus que par le passé, la communauté internationale doit dépasser le principe de persuasion avec la CMA et ses acolytes pour aborder la phase de pressions inamicales avant d’envisager les sanctions contre les récalcitrants. Car, il doit être clair pour tous les amis du Mali que l’avenir de ce pays ne peut être suspendu à l’incertitude. Avant que la situation ne s’envenime, il faut clairement et définitivement faire comprendre à tous les protagonistes qu’ils resteront tous Maliens « zouska » à la mort !


Chasse aux «CH » ou véhicules non immatriculés, Une Psychose s’installe à Bamako !

Crédit photo, Michel
Crédit photo, Michel

Suite à l’attaque terroriste du bar-restaurant « La Terrasse » à Bamako, qui a fait cinq morts, les autorités maliennes ont décidé de renforcer les mesures de sécurité dans la capitale et sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, une opération « CH » fut, depuis, lancé par les forces de défense et de sécurité. Elle consiste à l’interdiction systématique des véhicules non immatriculés de la circulation.

Opération « CH », entre gâchis, arnaque et bavure

L’attaque terroriste du 28 Février dernier dans laquelle avait été  impliquée une voiture n’ayant pas de plaque et pour laquelle les recherches sont restées jusque-là sans succès, le gouvernement malien procède à l’interdiction de circuler pour les véhicules non immatriculés sur l’ensemble du territoire national. La décision a été prise lors d’une réunion interministérielle présidée par le Premier ministre Modibo Kéita.

La version officielle a affirmé que l’attentat du 28 février à Bamako, qui a fait cinq morts, dont un Français et un Belge, a été mené par un commando de deux hommes armés circulant l’un sur une moto et l’autre à bord d’un véhicule sans plaque immatriculation. La décision ministérielle concerne toutes les voitures CH et celles qui n’ont pas d’identification, selon les règles de la Compagnie de circulation routière.

C’est donc dans une ambiance de stupéfaction générale que cette mesure entre en vigueur. Tambour battant, l’opération de nettoyage semble un succès, car selon  l’autorité routière, la police a arrêté des centaines de voitures dans la cour du GMS (Groupement mobile de sécurité) et a affiché une volonté implacable à appliquer les consignes du gouvernement pour la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire. Mais aujourd’hui qu’en est-il du Bilan de cette opération ?

D’abord le gâchis

La Police Nationale ne disposant pas de parking adéquat pour le nombre important de véhicules interpelés et immobilisés, ces derniers se retrouvent dans un état déplorable. La canicule qui s’abat sur la ville est en train d’émietter leurs vitres et bon nombres de pneumatiques sont désormais hors d’usages. Petit à petit, la cour du GMS se transforme en un cimetière de véhicules neufs ou d’apparence neufs. Car il faut savoir la plupart de ces véhicules disposent d’une carte grise provisoire leur autorisant à circuler avec les fameux Numéro « CH » qui n’est autre que le numéro de châssis du Véhicule.

Puis la corruption

A priori, rien de nouveau à ce sujet, sauf que, la corruption accable plus la police, que n’importe quel autre service de l’Etat. Donc, rien de surprenant que de comprendre les coups d’arnaques et de pots de vin s’introduire dans cette opération réputée à ses débuts sincères. Ainsi, comme nous commençons bien à nous en apercevoir, les véhicules « CH »  interceptés, conduit et gérés par le personnel des lieux sont, pour la plupart, remis à leurs propriétaires moyennant le paiement d’un montant compris entre cinquante (50 000) et deux cent (200 000) milles franc CFA. Et au tour de tout cela s’implante et se développe une véritable mafia policière (fabriquant et vendeur parfois de plaque d’immatriculation) qui ne fait qu’atténuer tous les efforts du gouvernement pour sécuriser la ville et le territoire national. En outre, Selon des sources proches de la Compagnie de circulation routière, la quasi-totalité des véhicules sans plaque d’immatriculation appartient aux hauts dignitaires du régime. Il s’agit des  ministres, des députés et des officiers supérieurs des forces de défense et de sécurité.

Et enfin, la bavure

Dans la nuit du vendredi 03 Avril 2015, un malheureux conducteur d’un véhicule avec « CH » fut abattu par la police après qu’il ait refusé d’obtempérer. Les faits surviennent aux environs des halles de Bamako, à cheval entre le quartier de Sokoniko et Niamakoro dans la commune 6 du District de Bamako. L’infortuné répondant au nom de Moha Alassane Cissé pris de panique, après être interpelé par les éléments d’une patrouille, tente de fuir avant d’essuyer les tirs des éléments de la police et de la garde pris certainement de panique aussi. Mortellement atteint, il succombera des suites de ses blessures à l’Hôpital du Mali, l’un des trois plus grands hôpitaux du Mali. La mort de ce jeune conducteur suscite un débat houleux au sein des bamakois : une partie approuvant la réaction, et une autre la reprouvant en la qualifiant de bavure de trop. Quoiqu’il en soit, nous sommes en présence d’un état de psychose généralisé qui sort sur des situations parfois dramatiques. D’un côté, il y a les conducteurs de « CH » qui, en raison de la possession d’une carte grise provisoire et de la lenteur des procédures par les services des transports, pensent être dans une légalité de circuler. De l’autre côté, il y a les forces de  défense et de sécurité seront, de l’avis des observateurs, mal préparés face à la situation qui prévaut. Par ailleurs ils subissent une forte pression qui leur rend par conséquent nerveux d’où des situations de ce genre que d’aucuns qualifierons de bavure. En définitive et nous l’aurons bien compris la pression s’exerce autant sur les forces de sécurité que sur les usagers.

Ce que l’on peut retenir c’est que l’opération « CH » n’aura pas permis de minimiser l’insécurité, loin s’en faut. Il a plutôt permis l’installation d’un climat de psychose généralisé dans un pays qui peine à retrouver ses marques.


Politique malienne : un statut et un chef de file pour l’opposition

Image, Créative common
Image, Créative common

Pourvue que cela dure !

Le constat :

On se rappelle encore que sous l’ère ATT (Amadou Toumani Touré du nom de l’ancien Président), la notion de consensus qui lui était tant chère et dont il vantait tant le mérite, avait fini par avoir raison de la si exemplaire démocratie malienne. Le Mali était devenu le bel exemple de démocratie en Afrique ; un cas d’école même.  Mais un exemple trop beau pour être vrai.  Car, à bientôt un quart de siècle de démocratie malienne, on aura parcouru  des chemins. Des chemins avec des hauts et des bas. Et puis, presque contre toute attente, arrive ce putsch du 22 Mars 2012. Un putsch qui, pour beaucoup d’observateurs de la vie politique malienne, fut un invraisemblable effondrement. Invraisemblable parce que le putsch est exécuté avec une facilité dérisoire et à un moment totalement incompréhensif.   Invraisemblable également, parce que ce putsch a occasionné l’occupation de deux tiers du territoire national.  Ainsi, l’exemplaire démocratie malienne s’est quasiment effondrée faute d’avoir pu, en un moment donné, faire le point. Comme le dirait Gaoussou Drabo, éditorialiste à l’ESSOR (quotidien gouvernemental), faire le « brainstorming » des erreurs et des fautes qui on fait cheminer le pays vers l’abime. Vous l’aurez compris que le Mali a frôlé le chaos. Un chaos évité de justesse par l’opération serval. Cependant, disons-le tout net,  ce sauvetage inespéré de la France ne nous a laissé ni le choix ni le temps. Le temps de l’autocritique et le choix de la méthode à suivre. Acculé et pressé par ses partenaires, pour n’est pas dire ces exigeants de sauveteurs, le Mali a dû faire face à l’urgence. L’urgence d’organiser et de réussir des élections présidentielles d’une part ; et d’autre part  de faire face à la situation au Nord. Finalement, faute d’avoir identifié les erreurs et les fautes  qui ont fait cheminer le pays vers l’abime, on s’est plutôt empressé de dénoncer sommairement des pratiques de gouvernance négatives et d’énumérer succinctement les changements et les solutions à apporter. En définitive, et on l’aura compris, nous avons raté le coach. Car le constat s’annonce amère au vu de la méthode adoptée par les autorités.  Mais bon malgré tout on a tenté de progresser en essayant de nouvelles formules comme celles d’une vie politique plus ou moins animée : c’est-à-dire une opposition clairement identifier avec un chef de file.

Du nouveau sous le soleil politique malien ? Pas vraiment !

On se rappelle qu’aux premières heures de la démocratie malienne, une opposition active avait réussi à s’identifier et à se faire attendre. On se rappelle de cette récurrente instabilité à la primature qui a failli emporter le Président Alpha. Puis, vient le temps d’ATT et sa politique de consensus. Cette formule, tant vanté par ces initiateurs, aura accouché d’un échec cuisant. Un échec tellement cuisant que la méthode adoptée par les acteurs politiques faisait apparaitre une espèce d’atonie de la vie politique. Car l’objectif des partis politiques étaient de fournir au chef d’Etat une majorité parlementaire confortable et loyale. De cette formule, on aura compris que les députés dits de la majorité présidentielle  ont été obnubilés par leur zèle d’accompagnement oubliant qu’en tant que représentants du peuple ils devraient avoir une faculté de veille sociale grâce à laquelle ils pouvaient infléchir sur les projets gouvernementaux.

Aujourd’hui, certes la majorité présidentielle peut se targuer d’avoir une majorité parlementaire. Mais une majorité parlementaire qui n’ignore pas s’être gonflés par un ralliement massif de nomades politiques comme ce fut le cas de la formule consensuelle sous ATT. De ce point de vue, on en conclue qu’il n y a rien de nouveau sous le soleil politique, hormis qu’on a offert un statut et un chef de file à l’opposition. En effet, Soumaila Cissé, candidat malheureux aux dernières présidentielles et non moins président de la deuxième force politique du pays, fut désigné par l’ensemble des députés se réclamant de l’opposition comme chef de file de l’opposition. On y voit, sans doute, un signe d’amélioration de la pratique politique dans notre pays.  Reste à savoir quel usage fera l’opposition de ces nouveaux modes d’actions qui s’offrent à elle. En plus d’un statut clairement identifié, l’opposition  bénéficiera des attributs de représentation pour son chef,  des canaux d’échanges ouverts entre ce dernier et les plus hautes autorités, une imprégnation des dossiers importants de la Nation le tout accompagné par un éclairage médiatique. Cette nouvelle envergure fera un regain d’image à ceux des partis (d’oppositions) qui ambitionnent de gouverner un jour ce pays. Désormais, plus question de récriminations politiques et d’ostracisme médiatique, les opposants au Mali auront à relever un réel chalenge, celui de rendre visible et crédible leur différence. Car la mauvaise réputation du politique auprès des maliens les frappe autant que la majorité.

Une Démocratie malienne pleine d’ambiguïté qui aura connu donc ces périodes héroïque pour avoir été enfanté dans la douleur ; mais aussi a surtout connu ses heures de gloire en traversant une transition atypique. Elle a aussi eu le mérite d’expérimenter plusieurs formes inédites de partage du pouvoir, comme quoi, multiplier les expériences  pour atteindre la meilleure formule de gouvernance démocratique, pourrait être une potion magique. Notre pays a connu des moments difficiles qui ont nettement décliné son aura, mais, il lui reste encore de réussir un coup d’éclat inattendu comme ce fut le cas de la belle organisation des dernières présidentielles et législatives. Il ne me reste qu’à souhaiter bond vend à l’opposition et son chef de file. Et pour cette nouvelle formule de partage du pouvoir, une belle réussite.


Etre Président du Mali ; et après !

wikipedia.org, créative common
wikipedia.org, créative common

Au moment ou les partisans de l’ancien président du Mali, Amadou Toumani Touré, affectueusement appelé « ATT » réclament son retour au pays, la question du devenir des Président de la République de notre pays se pose avec insistance. Oui il est, en ce moment précis, question du retour d’ATT au bercail. Mais globalement, et de l’avis d’une figure emblématique de la scène politique malienne, il est davantage question du devenir des Présidents de la République qui doit être une préoccupation majeure pour la jeune démocratie malienne.

Succession à la tête du Mali ou quand le parricide politique devient une habitude

De l’histoire récente de notre pays, les Présidents de la République ont eu pour mauvaise habitude, comme par parricide politique, de sortir par la petite porte. On se rappelle du Président Modibo Keita, père de la Nation, mort en prison après être chassé du pouvoir par un Coup d’Etat. Son successeur et non moins pourfendeur, le Général Moussa Traoré a lui aussi été chassé du pouvoir par un Coup d’Etat et emprisonné pendant dix ans avant de bénéficier d’une grâce présidentielle.  Aujourd’hui, le Général Président réhabilité, jouit pleinement de sa liberté et de son droit d’ancien président dans la dignité. Après, le départ tranquille et par voie constitutionnelle du premier Président démocratiquement élu, Alpha Oumar Konaré, c’est exceptionnellement la seule succession démocratique du pouvoir au Mali, son successeur et prédécesseur ATT, n’a pu échapper à la mauvaise habitude.  Ainsi, nous l’aurons bien compris que la succession à la tête du Mali, hormis le cas exceptionnel d’Alpha Oumar Konaré, s’est toujours passé de façon tumultueuse.

La trilogie de Mars ou le temps de tous les cauchemars du Mali

Dans l’air de l’actualité, on ne peut mettre sous silence l’amalgame entre les trois dates les plus tragiques et parfois les plus décisives pour notre pays : le 22 et 26 Mars 1991 ; et le 22 Mars 2012. Trois dates donc pour trois destins du Mali.

  • Il y’a d’abord le 22 Mars 1991, date fatidique, communément appelé « Vendredi Noir ». Cette date requiert, de la part de tous les maliens, un devoir de mémoire à l’endroit des martyrs. Et puis il y a le 26 Mars 1991, épilogue de la révolution de Mars 1991. Cette date, en même temps qu’elle achève l’insurrection, ouvre une nouvelle ère pour le Mali. Une ère plein d’espoir pour un mali démocratique pluraliste, mais aussi et surtout pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des maliens. Sans faire l’apologie du putsch, celui de Mars 1991 fut ressenti comme la réponse à l’appel d’un peuple méprisé et martyrisé, traqué jusqu’au cimetière et dans les hôpitaux qui débordaient de blessés et de cadavres.
  • Il y a ensuite ce 22 Mars 2012, sans commune mesure avec les évènements de Mars 1991, se déroulent dans un contexte tout aussi complexe caractérisé principalement par un malaise généralisé due notamment à la rébellion au Nord du pays. Oui en ce 22 Mars 2012, un Coup d’Etat intervient à Bamako chassant du pouvoir un président démocratiquement élue et en fin de mandant avec la ferme volonté de passer la main. Ce que je retiens de ce putsch, c’est qu’il consacre définitivement l’occupation des régions nord et la partition de fait du Mali. Et puis, il y a ces images de soldats fuyant le front qui contrariaient celles de soldats qui pillaient et volaient à Bamako et à Kati. Il y a donc Mars des malheurs présidentiels ; mais et surtout Mars des victoires républicaines dont la portée ne doit jamais nous échapper si nous voulons construire une démocratie viable.

Il faut absolument proscrire le Coup d’Etat et songer au devenir des présidents

Malgré qu’en 20 ans de démocratie, les maliens aient constaté globalement un aveu d’échec, le putsch du 22 Mars 2012 n’en a pas moins été la solution. Au contraire, il a davantage précipité le pays dans un gouffre insondable dont il peine encore à sortir. On l’aura compris définitivement que par le passé le Coup d’Etat n’as jamais été la solution comme il n’en sera pas une aujourd’hui. C’est pourquoi pour réussir des successions pacifiques et apaisée à la tête de l’Etat, il faut définitivement proscrire les coups d’Etas au Mali.

Oui ATT doit revenir et être réhabilité comme l’a été Modibo Keita (même si c’est à titre posthume) ; et comme l’a été Moussa Traore qui, sans doute, a fait couler le sang du peuple. C’est seulement à ce prix que nous pouvons avancer. Il vrai qu’un ancien chef d’état peut être jugé et condamné, mais il faut au préalable lui mettre dans ces droits ; et à la fin, probablement lui pardonner.


L’Etat du Mali VS l’Etat de l’ « Azawad », à quand la fin de l’hypocrisie ?

 

image, créative common
image, créative common

 

Il faut commencer par le commencement, mener à bien définitivement et totalement le recouvrement total du territoire national : c’est-à-dire rétablir l’autorité de l’Etat malien à Kidal, bref redéployer l’armée malienne et cantonner les éléments des groupes armés. Les velléités indépendantistes de certains Touaregs, une minorité parmi la majorité, ont réussi à se faire un écho dans les médias français. Mine de rien, le basculement du discours n’a connu un tel virage que depuis le début d’une espèce de réflexion relayée et soutenue par bon nombre de médias, de politiques et d’intellectuels occidentaux qui ont tendance à identifier des différences culturelles entre Touaregs et autres Maliens de race noire. De fil en aiguille, on a vu émerger la thèse d’une idéologie ethnico-raciste comme principale cause de la crise au nord du Mali. Un petit nombre de Touaregs, en victime expiatoire, s’est autodésigné comme porte-parole d’une communauté en quête d’indépendance  sur le territoire de leurs ancêtres. Du coup, la thèse d’une minorité oubliée et opprimée face à un Etat oppresseur, envahisseur a fait son petit bonhomme de chemin. Et désormais, il faut penser à séparer l’Etat malien et à créer un Etat touareg d’« Azawad » pour permettre à ce peuple touareg opprimé de s’affranchir du joug d’un Etat avec lequel il ne partage rien de commun.

Mais, depuis quand un nomade revendique-t-il un territoire ?

Depuis qu’on est arrivé à sédentariser une communauté nomade en lui attribuant un territoire. Belle initiative des autorités maliennes qui n’ont pas hésité à ériger une vaste partie du territoire national en région administrative en dépit d’un criard sous-peuplement. Le but étant de valoriser cette région peuplée de nomades. Car et on l’aura bien compris que toute politique de développement se conçoit et se réalise avec la présence d’une population. Ainsi, les tribus touarègues étant, à travers cette initiative gouvernementale, progressivement sédentarisées vont avoir beaucoup de mal à faire face à la nouvelle donne. Il s’agit là d’une profonde rupture culturelle. Mais après tout cela aurait été parfait si toutes les parties y avaient joué pleinement leur partition. Au gouvernement de mettre en œuvre une véritable politique de développement de cette région, et aux populations, surtout Touaregs de revendiquer et de se sentir totalement et entièrement maliens. Mais au-delà de ce point de vue, le problème apparaît plus complexe 

En quoi une journée de rencontre à Kidal pourrait-elle être décisive ? 

Kidal, la rebelle, la frondeuse va-t-elle cette fois-ci plier. En tout cas, en ce jour 17 mars 2015, la capitale de l’Adrar des Ifhogas  reçoit une délégation de la médiation et des ambassadeurs du Conseil de sécurité. Après les huit mois d’intenses négociations à Alger, il s’agit, de l’avis des observateurs avisés de cette crise, de la rencontre de la dernière chance. Cette délégation y va sans doute parce qu’elle est rassurée de la bonne foi de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) à emprunter la bonne direction : la direction de la paix et de la réconciliation. Car depuis trois ans ce pays déprime; cela fait trois ans que ces fils s’exilent au gré d’une instabilité récurrente. Oui, trois ans pendant lesquelles la jeunesse « kidaloise » est privée d’école; trois ans enfin que les communautés peuplant le nord du Mali se méfient les unes des autres.  Eu regard de cette situatio , il est plus que temps de parapher cette accord. Un accord que, AdamThiam, journaliste éditorialiste à L’Indépendant, qualifie de bizarre : un accord issu non pas d’un accouchement naturel, mais d’une rude césarienne. Et pour cause ? Il s’agirait bien d’un préambule conciliant avec 67 articles pour 42 pages de réserves dont 12 venant du gouvernement et 30 de la CMA. Même si la CMA a semble-t-il pu consulter sa base, cela semble loin d’être le cas du gouvernement avec le reste des Maliens. A ce rythme, je suis convaincue comme beaucoup de Maliens que la montagne risquerait d’accoucher d’une souris. L’urgence serait-elle de parapher un accord qui ne satisfasse pas les désirs d’un retour viable et durable de la paix. Le mieux pour paraphraser Adam Thiam, une fois de plus, c’est de gouverner avec humilité et non d’humilier les gouvernés par des décisions irresponsables.