L’Etat du Mali VS l’Etat de l’ « Azawad », à quand la fin de l’hypocrisie ?

17 mars 2015

L’Etat du Mali VS l’Etat de l’ « Azawad », à quand la fin de l’hypocrisie ?

 

image, créative common
image, créative common

 

Il faut commencer par le commencement, mener à bien définitivement et totalement le recouvrement total du territoire national : c’est-à-dire rétablir l’autorité de l’Etat malien à Kidal, bref redéployer l’armée malienne et cantonner les éléments des groupes armés. Les velléités indépendantistes de certains Touaregs, une minorité parmi la majorité, ont réussi à se faire un écho dans les médias français. Mine de rien, le basculement du discours n’a connu un tel virage que depuis le début d’une espèce de réflexion relayée et soutenue par bon nombre de médias, de politiques et d’intellectuels occidentaux qui ont tendance à identifier des différences culturelles entre Touaregs et autres Maliens de race noire. De fil en aiguille, on a vu émerger la thèse d’une idéologie ethnico-raciste comme principale cause de la crise au nord du Mali. Un petit nombre de Touaregs, en victime expiatoire, s’est autodésigné comme porte-parole d’une communauté en quête d’indépendance  sur le territoire de leurs ancêtres. Du coup, la thèse d’une minorité oubliée et opprimée face à un Etat oppresseur, envahisseur a fait son petit bonhomme de chemin. Et désormais, il faut penser à séparer l’Etat malien et à créer un Etat touareg d’« Azawad » pour permettre à ce peuple touareg opprimé de s’affranchir du joug d’un Etat avec lequel il ne partage rien de commun.

Mais, depuis quand un nomade revendique-t-il un territoire ?

Depuis qu’on est arrivé à sédentariser une communauté nomade en lui attribuant un territoire. Belle initiative des autorités maliennes qui n’ont pas hésité à ériger une vaste partie du territoire national en région administrative en dépit d’un criard sous-peuplement. Le but étant de valoriser cette région peuplée de nomades. Car et on l’aura bien compris que toute politique de développement se conçoit et se réalise avec la présence d’une population. Ainsi, les tribus touarègues étant, à travers cette initiative gouvernementale, progressivement sédentarisées vont avoir beaucoup de mal à faire face à la nouvelle donne. Il s’agit là d’une profonde rupture culturelle. Mais après tout cela aurait été parfait si toutes les parties y avaient joué pleinement leur partition. Au gouvernement de mettre en œuvre une véritable politique de développement de cette région, et aux populations, surtout Touaregs de revendiquer et de se sentir totalement et entièrement maliens. Mais au-delà de ce point de vue, le problème apparaît plus complexe 

En quoi une journée de rencontre à Kidal pourrait-elle être décisive ? 

Kidal, la rebelle, la frondeuse va-t-elle cette fois-ci plier. En tout cas, en ce jour 17 mars 2015, la capitale de l’Adrar des Ifhogas  reçoit une délégation de la médiation et des ambassadeurs du Conseil de sécurité. Après les huit mois d’intenses négociations à Alger, il s’agit, de l’avis des observateurs avisés de cette crise, de la rencontre de la dernière chance. Cette délégation y va sans doute parce qu’elle est rassurée de la bonne foi de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) à emprunter la bonne direction : la direction de la paix et de la réconciliation. Car depuis trois ans ce pays déprime; cela fait trois ans que ces fils s’exilent au gré d’une instabilité récurrente. Oui, trois ans pendant lesquelles la jeunesse « kidaloise » est privée d’école; trois ans enfin que les communautés peuplant le nord du Mali se méfient les unes des autres.  Eu regard de cette situatio , il est plus que temps de parapher cette accord. Un accord que, AdamThiam, journaliste éditorialiste à L’Indépendant, qualifie de bizarre : un accord issu non pas d’un accouchement naturel, mais d’une rude césarienne. Et pour cause ? Il s’agirait bien d’un préambule conciliant avec 67 articles pour 42 pages de réserves dont 12 venant du gouvernement et 30 de la CMA. Même si la CMA a semble-t-il pu consulter sa base, cela semble loin d’être le cas du gouvernement avec le reste des Maliens. A ce rythme, je suis convaincue comme beaucoup de Maliens que la montagne risquerait d’accoucher d’une souris. L’urgence serait-elle de parapher un accord qui ne satisfasse pas les désirs d’un retour viable et durable de la paix. Le mieux pour paraphraser Adam Thiam, une fois de plus, c’est de gouverner avec humilité et non d’humilier les gouvernés par des décisions irresponsables.

Partagez

Commentaires