Etre Président du Mali ; et après !

27 mars 2015

Etre Président du Mali ; et après !

wikipedia.org, créative common
wikipedia.org, créative common

Au moment ou les partisans de l’ancien président du Mali, Amadou Toumani Touré, affectueusement appelé « ATT » réclament son retour au pays, la question du devenir des Président de la République de notre pays se pose avec insistance. Oui il est, en ce moment précis, question du retour d’ATT au bercail. Mais globalement, et de l’avis d’une figure emblématique de la scène politique malienne, il est davantage question du devenir des Présidents de la République qui doit être une préoccupation majeure pour la jeune démocratie malienne.

Succession à la tête du Mali ou quand le parricide politique devient une habitude

De l’histoire récente de notre pays, les Présidents de la République ont eu pour mauvaise habitude, comme par parricide politique, de sortir par la petite porte. On se rappelle du Président Modibo Keita, père de la Nation, mort en prison après être chassé du pouvoir par un Coup d’Etat. Son successeur et non moins pourfendeur, le Général Moussa Traoré a lui aussi été chassé du pouvoir par un Coup d’Etat et emprisonné pendant dix ans avant de bénéficier d’une grâce présidentielle.  Aujourd’hui, le Général Président réhabilité, jouit pleinement de sa liberté et de son droit d’ancien président dans la dignité. Après, le départ tranquille et par voie constitutionnelle du premier Président démocratiquement élu, Alpha Oumar Konaré, c’est exceptionnellement la seule succession démocratique du pouvoir au Mali, son successeur et prédécesseur ATT, n’a pu échapper à la mauvaise habitude.  Ainsi, nous l’aurons bien compris que la succession à la tête du Mali, hormis le cas exceptionnel d’Alpha Oumar Konaré, s’est toujours passé de façon tumultueuse.

La trilogie de Mars ou le temps de tous les cauchemars du Mali

Dans l’air de l’actualité, on ne peut mettre sous silence l’amalgame entre les trois dates les plus tragiques et parfois les plus décisives pour notre pays : le 22 et 26 Mars 1991 ; et le 22 Mars 2012. Trois dates donc pour trois destins du Mali.

  • Il y’a d’abord le 22 Mars 1991, date fatidique, communément appelé « Vendredi Noir ». Cette date requiert, de la part de tous les maliens, un devoir de mémoire à l’endroit des martyrs. Et puis il y a le 26 Mars 1991, épilogue de la révolution de Mars 1991. Cette date, en même temps qu’elle achève l’insurrection, ouvre une nouvelle ère pour le Mali. Une ère plein d’espoir pour un mali démocratique pluraliste, mais aussi et surtout pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des maliens. Sans faire l’apologie du putsch, celui de Mars 1991 fut ressenti comme la réponse à l’appel d’un peuple méprisé et martyrisé, traqué jusqu’au cimetière et dans les hôpitaux qui débordaient de blessés et de cadavres.
  • Il y a ensuite ce 22 Mars 2012, sans commune mesure avec les évènements de Mars 1991, se déroulent dans un contexte tout aussi complexe caractérisé principalement par un malaise généralisé due notamment à la rébellion au Nord du pays. Oui en ce 22 Mars 2012, un Coup d’Etat intervient à Bamako chassant du pouvoir un président démocratiquement élue et en fin de mandant avec la ferme volonté de passer la main. Ce que je retiens de ce putsch, c’est qu’il consacre définitivement l’occupation des régions nord et la partition de fait du Mali. Et puis, il y a ces images de soldats fuyant le front qui contrariaient celles de soldats qui pillaient et volaient à Bamako et à Kati. Il y a donc Mars des malheurs présidentiels ; mais et surtout Mars des victoires républicaines dont la portée ne doit jamais nous échapper si nous voulons construire une démocratie viable.

Il faut absolument proscrire le Coup d’Etat et songer au devenir des présidents

Malgré qu’en 20 ans de démocratie, les maliens aient constaté globalement un aveu d’échec, le putsch du 22 Mars 2012 n’en a pas moins été la solution. Au contraire, il a davantage précipité le pays dans un gouffre insondable dont il peine encore à sortir. On l’aura compris définitivement que par le passé le Coup d’Etat n’as jamais été la solution comme il n’en sera pas une aujourd’hui. C’est pourquoi pour réussir des successions pacifiques et apaisée à la tête de l’Etat, il faut définitivement proscrire les coups d’Etas au Mali.

Oui ATT doit revenir et être réhabilité comme l’a été Modibo Keita (même si c’est à titre posthume) ; et comme l’a été Moussa Traore qui, sans doute, a fait couler le sang du peuple. C’est seulement à ce prix que nous pouvons avancer. Il vrai qu’un ancien chef d’état peut être jugé et condamné, mais il faut au préalable lui mettre dans ces droits ; et à la fin, probablement lui pardonner.

Partagez

Commentaires