Je suis bamakois, je suis incivique
Hey Florian, merci pour le paradigme !
C’est le cas de le dire, à Bamako le respect de la loi laisse à désirer. C’est un peu du chacun pour soi, Dieu pour tous. Peuplée d’environs trois millions d’habitants, Bamako, la capitale du Mali, s’étend sur une superficie de près d’un millier de kilomètre carré. Elle connait, à l´instar de plusieurs villes d’Afrique, une forte croissance urbaine, à l’origine de nombreux dysfonctionnements des structures de la capitale. Ainsi pour ce billet de blog, j’ai choisi de me pencher sur une situation somme toute inédite qui prévaut au cœur de la cite des trois caïmans.
On a pensé, imaginé, conçu, mis en œuvre toutes sortes de solutions possibles pour désengorger le centre ville bamakois dont la traversée est plus q’un calvaire, tant pour les usagers motorisés que pour les piétons. Le comble de l’histoire est l’occupation illicite des trottoirs réservés aux piétons… Pis, sur certaines parties du boulevard du peuple qui passe en plein cœur du grand marché, les petits commerces se sont même installés sur la chaussée, obligeant piétons et automobilistes a se frayer héroïquement un passage. Je vous raconte cette histoire parce que la semaine dernière, jai failli être victime de cette situation pour le moins inacceptable.
Comment comprendre que dans un état de droit, des citoyens puissent enfreindre aux lois de façon incongrue qui plus est au su et au vu des forces de sécurités ? En évoquant cette histoire, j’avoue ne pas vouloir jeter l’opprobre sur qui que ce soit, mais je dis qu’il est temps que les autorités mettent fin à leur laxisme patent vis-à-vis de la violation flagrante de la loi de la République.
Justement en parlant de République, il faut savoir que cet état d’incivisme atteint son paroxysme aux alentours de l’une des institutions faste de celle-ci, en l’occurrence l’Assemblée nationale. Le bâtiment qui abrite cette illustre Institution de la République est invisible tant tout son alentour est occupé intégralement par des petits commerces. Juste au passage une anecdote : après vingt ans de vie à Bamako, j’avoue avoir découvert la façade principale de ce bâtiment il y a deux semaines, lorsqu’une interpellation du gouvernement de transition par les députes avait obligé les forces de sécurité à y chasser tout ce petit monde qui s’y est installé. Jusqu’ici, il avait toujours été camouflé. Par rapport a cet état de siège de l´Assemblée nationale, je me suis juste écrié :
« Mais diable ces Bamakois là, qu’est ce qu’ils ont à s’agglutiner autour de l´Assemblée nationale pour en faire un marché ? Qu’est ce qui leur prend d’occuper le trottoir et même parfois la chaussée avec leur commerce ? Mais enfin n’existe t-il pas un lieu désigné pour cela ? »
Sur cette dernière interrogation, j’avoue que les autorités municipales ont fourni beaucoup d’effort pour pallier aux insuffisances liées à l’emplacement de ces petits commerces. Je me rappelle aussi de la mise en place d’une Brigade municipale qui faisait office de police municipale, et qui était engagée entre autre dans la lutte contre l’occupation illicite des espaces urbains. Mais il faut dire que très vite, elle est tombée dans une espèce de connivence avec ces petits commerçants-détaillants, dont la volonté d’occuper les trottoirs et même chaussée du boulevard de l’Indépendance n’avait d’égal que leur incivisme. Toute chose qui leur empêchait finalement de faire correctement leur travail.
Mis à part cet échec très regrettable de cette belle initiative, il y a le cas de la police nationale qui semble imposer à ces petits commerces de taxes supplémentaires. Une situation qui l’a amené, sans doute, à tolérer cet incivisme, qui à coup sur est source de danger pour tous, et de critiques de la part des commerçants et de les tous les autres usagers de ce boulevard, surtout les piétons. Car voyez-vous, cette situation oblige les piétons à partager la chaussée avec les engins motorisés.
Le drame de l’histoire, pour en finir avec mon propos, c’est que les fauteurs de ces actes inciviques pensent être dans leur droit en se cachant derrière une misère sociale qui leur oblige à s’installer sur les passages piétons, et même parfois sur les chaussées du centre ville de Bamako pour, disent t-ils, « gagner leur pain quotidien ». Au-delà de mon jugement, je pense qu’il faut être ferme sur ce sujet comme sur toute autre question qui menace la sécurité des citoyens. Là dessus, je demande aux autorités locales et nationales d’œuvrer pour que les Bamakois puissent emprunter plus sûrement le boulevard du Peuple, ainsi que toutes les autres voies qui font l’objet d’une situation similaire.
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