Paraphe de l’accord d’Alger : un acte de raison et d’engagement pour la paix au Mali

23 avril 2015

Paraphe de l’accord d’Alger : un acte de raison et d’engagement pour la paix au Mali

Image, créative Commons
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Il est prévu par la médiation de faire signer l’accord d’Alger le 15 mai prochain à Bamako. Il s’agit pour elle de clore définitivement avec la très mauvaise séquence qui a failli ébranler ce fameux accord. Mais bon,comme le dit ce proverbe « Bamanan » : « Mieux vaut avoir quelque chose dans la bouche que d’avoir la bouche complètement vide », pour dire que nous contenterons bien de cet accord malgré ces imperfections. Car il s’agirait bien d’un acte de raison et d’engagement pour la paix et la réconciliation au Mali.

Un acte de raison 

Depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise profonde dont il peine à sortir. Il y a eu le réveil de cette rébellion touarègue au tout début de l’année 2012 qui a ouvert les portes d’une succession événements tragiques, d’épisodes dramatiques et de tensions de toute nature qui n’ont fait que troubler le quotidien des Maliens. Nous sommes résolument convaincus qu’il est inutile de revenir à chaque fois sur la longue liste de nos malheurs de ces trois dernières années, mais nous devons prendre le temps d’analyser. Analyser les causes de la crise actuelle en vue d’apporter nécessairement des solutions durables. Car, malgré notre résilience reconnue, l’horizon tarde à se dégager. C’est pourquoi, en dépit de nos nombreuses réserves vis-à-vis de cet accord, nous l’avons unanimement accepté.  Nous l’avons accepté pour avancer ensemble dans le souci commun de réduire les périls, de réhabiliter le vivre ensemble, de redresser l’économie nationale, bref d’emprunter enfin le chemin du développement. Loin donc de la résignation, les Maliens ont opté pour l’accalmie inspirée d’un immense désir de tranquillité, d’une intense demande de sécurité et d’une forte envie de retrouver le vivre ensemble. Au détour de la lassitude à perdurer dans l’incertitude, les Maliens veulent voir le début d’un redressement de leur situation. Donc, la signature du 15 mai répond à une nécessité de la raison. La raison pour éviter une déstabilisation pérenne et accentuée de toute la partie nord du Mali. Mais au-delà, il faut aussi signer pour s’engager. S’engager résolument à lutter contre le terrorisme renaissant.

Un acte d’engagement

Il nous faut avoir la juste réponse à la renaissance du terrorisme au nord du Mali. Plus que jamais la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) doit mettre fin à ses foucades pour parapher l’accord d’Alger. Car il nous parvient des échos de terreur du Nord. On sait que Serval et plus tard la Minusma n’ont par réussi à mettre totalement en débandade le Mujao et ses autres alliés. Et ces dernières semaines, ils ont multiplié les attentats. Du nord au sud en passant par le centre, ils sont parvenus à répandre la psychose. Pour entretenir les espoirs que porte le futur accord de Bamako,  il convient pour la CMA de rejoindre les autres compatriotes afin de lutter contre le terrorisme renaissant. Il y va de sa crédibilité.

La nouvelle donne au Nord fait remarquer le retour en puissance du Mujao qui s’appuie désormais sur des sympathies locales en réveillant ces cellules locales. Plus que par le passé ces dernières sont de nouveau opérationnelles avec un mode d’actions bien adaptées à la situation. Des motos remplacent les pick-up ; les attaques de convois de ravitaillement et les attentats-suicide sont en train de remplacer les affrontements directs avec l’armée malienne. La situation bascule en cauchemar aussi bien au Nord qu’à Bamako et dans le centre. Pour toutes ces raisons notamment, mettre un terme à ces agissements inutiles s’impose, car c’est ensemble qu’il faut apporter la juste solution au danger renaissant.

Il est souhaitable que les ultimes efforts de la médiation d’ici le 15 soient payants. Quelle que soit la fragilité d’une solution négociée, elle aura le mérite d’éviter une déstabilisation accentuée d’une partie, ou même l’ensemble, de notre pays et l’imminence d’un nouveau cycle d’incertitude. Pour réussir, les médiateurs espèrent compter sur toutes les bonnes volontés du nord du Mal et de toute la nation malienne.

Malgré tout, nous n’allons pas nous voiler la face, il est possible que le 15 mai n’ait pas lieu. Un tout autre scénario paraît plausible tant le caractère irrédentiste de certains extrémistes touaregs pourra faire voler en éclats l’espoir de toute une nation. Mais pour l’avenir du Mali, la CMA doit nécessairement être raisonnable et réaliste pour parapher en vue d’engager aux côtés du gouvernement une lutte résolue contre le terrorisme renaissant qui pourrait briser tous nos espoirs.

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