Les forces étrangères en intervention au Mali font à la fois des martyrs et des exploits

J’avoue m’être réveillé dans la nuit profonde avec énormément de honte pour ma personne et pour les militaires qui ne manquent pas une occasion pour déstabiliser la transition à Bamako. Ce sentiment a été provoqué par l’annonce de la mort de dizaines de militaires tchadiens lors d’un accrochage avec les djihadistes et autres bandits armée dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, où les islamistes se sont retranchés depuis qu’ils ont fuient les principales villes du Nord-Mali face à l’avancé des forces franco-maliennes. Je rappelle que l’Adrar des Ifoghas est une région montagneuse au Nord-est du Mali, à la frontière Maliano-algérienne.

A partir de cet instant, je me suis alors interrogé, avec beaucoup d’indignation, de ce que peut ressentir un Malien vis-à-vis de cette situation. Il est évident que cela n’est pas réjouissant de savoir que pendant que nous  nous pavanons, dormons et continuons à faire la fête à Bamako, des militaires d’autres pays se sacrifient pour nous. Vous imaginez qu’à ce jour, quelques incrédules Bamakois continuent de célébrer les mariages et baptêmes avec faste dans la ville, et ce malgré l’état d’urgence ? Loin de moi la prétention de vouloir juger ou de donner des leçons à qui que ce soit, mais convenez avec moi qu’il est indécent de la part de Maliens d’exprimer une quelconque réjouissance pendant que des militaires maliens et étrangers sont au front. Il faudrait que les uns et les autres comprennent définitivement et sans ambages que le Mali est en guerre.  Et que cette guerre fait des victimes aussi bien maliennes qu’étrangères et que nous devons, ne serait-ce que par devoir moral, porter le deuil et respecter la mémoire.

Là, c’est un peu le tableau embarrassant et désenchantant qui motive la rédaction de ce billet. Un billet pour dire tout mon respect pour tout ceux qui se battent pour que prévale les droits et libertés humaines.

Aux martyrs maliens et étrangers

Depuis le début de l’intervention française et africaine au Mali, le nombre de victimes augmentent au rythme de l’intensité des affrontements. On l’a bien compris : la guerre est rentré dans une phase cruciale et décisive. Ainsi, à ce jour, on déplore la mort de 3 militaires français, 27 militaires tchadiens,  les militaires togolais morts par accident etc.

Je voudrai par ce billet saluer la mémoire de ces soldats étrangers tombés sur le champ d’honneur. Il est évident que ces braves ne sont pas morts pour rien. Ils sont surtout morts, on le dira jamais assez, pour la défense des droits humains. On le sait, la défense des droits humains ne connait pas de limite territoriale. Oui, les forces maliennes et étrangères – engagées dans la lutte pour l’intégrité territoriale du Mali et dans celle contre les djihadistes et autres narcoterroristes –  sont à juste titre dans leur rôle. Car ils luttent au Mali comme d’autres ont et continuent de lutter en Afghanistan contre le pire ennemi de notre temps : le terrorisme.

Aux exploits militaires sur le terrain

Pendant que les forces maliennes et françaises poursuivent leur opération de sécurisation dans les villes libérés, l’Armée tchadienne annonce coup sur coup avoir supprimé deux des têtes de proue d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) : il s’agit en occurrence de Abou Zeid, l’Emir d’AQMI et Mokhtar Belmokhtar alias le borgne, notamment instigateur de la récente prise d’otage sur le site gazier d’In Amenas en Algérie.

Si cette information venait à être confirmer (à l’heure où j’écris ces lignes, la mort d’Abou Zeid semble être avérée, mais pas celle de Mokhtar Belmokhtar), les forces auraient réalisé un véritables exploit tant on sait l’importance de ces deux hommes dans ce qu’on peut considérer comme le plus grand réseau terroriste internationale, qui pourrait être plus puissant que la maison mère, sérieusement diminuée par la mort de Ben Laden, son chef historique.

Entre l’incertitude sur la mort de ces personnalités du terrorisme sahélien et la suite des combats qui se poursuivent dans la vallée d’Ametetai (située au nord est d’Aguelhok)  par les forces tchadiennes et françaises, le président tchadien exhorte les Africains à intervenir ! Particulièrement amer du fait des 27 soldats  tchadiens qui ont déjà payé de leur vie dans la chasse aux intégristes maliens,  avec son propre fils blessé au combat, Idriss Deby s’insurge également contre la fainéantise de certains soldats maliens (les putschistes) qu’il invite à se rendre au front, au lieu de se cantonner dans les centres urbains.

Pour en terminer avec mon propos, je m’interrogeai comme je l’avais fais au début sur ma difficulté à comprendre le comportement de certains de nos militaires qui restent cantonnés à Kati et circulent dans des Land Cruiser VX full Option et blindé, pendant que des soldats étrangers meurent pour le Mali !

Aux soldats tchadiens tombés sur le champ de l’honneur, j’en termine là-dessus, le peuple malien n’oubliera jamais votre acte de bravoure et votre sacrifice. Vive les FATIM (Forces Tchadiennes en Intervention au Mali) ! vive le Mali et le Tchad dans une Afrique apaisée et solidaire.