Bamako : les jeunes fêtards bamakois résistent à l’état d’urgence

Article : Bamako : les jeunes fêtards bamakois résistent à l’état d’urgence
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7 février 2013

Bamako : les jeunes fêtards bamakois résistent à l’état d’urgence

New Year's eve party par sanjoyg, via Flickr CC.
New Year’s eve party par sanjoyg, via Flickr CC.

Je l’avais déjà fait remarqué dans un précédent billet : la situation de guerre que vit notre pays limite les réjouissances populaires ainsi que les libertés individuelles et collectives, en raison notamment de l’état d’urgence décrété par les autorités. Là dessus, je me demandais comment la jeunesse vivait-elle cette situation ? Et depuis le samedi 3 février, j’ai eu un début de réponse, suite à l’euphorie suscitée par la visite de François Hollande et de la qualification des Aigles du Mali pour les demi-finales de la CAN.

Ce jour-là,  j’ai aussi enfreint les règles pour me retrouver dans l’une des rues les plus branchées de Bamako.  En effet, les jeunes ont fait fi de l’état d’urgence et ont pris d’assaut la Rue Princesse, sise à Badalabougou, qui est, en temps normal, le principal point de convergence de la jeunesse branchée bamakoise. Cette rue compte des dizaines de boites de nuit, de bars et autres espaces culturels. D’ordinaire, il y règne une ambiance de carnaval, en raison justement fort taux de fréquentation.

Il faut dire que dès le début de l’intervention française, donc de l’état d’urgence,  je m’étais abstenu de sortie nocturne. Mais ce samedi de ferveur « hollandaise » et footballistique m’a amené dans un bistrot de la dite rue. Avec des amis, on y prenait un coup quand soudainement survint une discussion autour la situation de guerre et de l’état d’urgence qui prévaut dans notre pays.

La discussion s’enflamme lorsqu’un de mes amis évoque les mesures de restrictions liées à l’état d’urgence. Au milieu de la cohue, les uns affirmaient que ces mesures étaient inopportunes, tandis que les autres les trouvaient utiles tant elles pouvaient considérablement diminuer les risques d’attentats terroristes comme on en voit, très souvent à la télévision sous d’autres cieux. Pour les opposants à l’état d’urgence, la fréquentation de boites de nuit, bars et autres espaces de loisirs ne sont, en réalité, concerné par les interdictions de sortie. De leur avis, ce serait plutôt les grands regroupements à caractère festifs dans les rues et sur les places publics qui sont proscrits par la mesure. Pour corroborer leurs dires, ils pensent que si la mesure frappait les espaces de loisirs, la police devrait les fermer.

De ces discussions, j’ai compris que les jeunes, et plus globalement les Bamakois, ignorent les restrictions et mesures liées à l’état d’urgence. A défaut de le comprendre, il doi, à mon avis, être clair dans la tête de tout un chacun que le pays – en raison de la faiblesse de son dispositif sécuritaire – n’est pas à l’abri d’un coup d’éclat de djihadistes en débandade aujourd’hui. Je n’apprends rien à personne en redisant que les terroristes sont imprévisibles et peuvent opérer partout et à tout moment. Ce constat pose une problématique à double interrogation : faut-il arrêter avec les réjouissances populaires comme les mariages et autres évènements festifs, ou interdire les réjouissances nocturnes au risque de s’exposer à un probable attentat ?

Sans doute, la réponse est oui, car nous devons jouer pleinement la carte de la prudence. C’est d’ailleurs ce qu’ont prôné beaucoup de producteurs de spectacles et d’artistes, qui ont décidé de suspendre toutes les manifestations culturelles comme les concerts. Par ce geste, ces acteurs culturels pensent contribuer, en leur façon, à l’effort de guerre. Même si par ailleurs, ils estiment que cette situation n’est pas facile pour eux, car vivant de ce travail.

Pour ma part, j’en appelle au sens de patriotisme de tous à respecter les exigences du moment. Allez courage les gars ! L’état d’urgence n’est décrété que pour trois mois, ce qui correspond à demain tout près.

Euh les gars ! Comme l’a si bien dit Amadou et Mariam : « les dimanches à Bamako, c’est le jour de mariage » ; et moi je vous dis que les samedis à Bamako, c’est le jour de sortie en boite… Ne vous en faites pas donc, tout ira pour le mieux dans le meilleur du Mali possible !

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Commentaires

Madigbè KABA
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Beau billet, Michel. Hum, Amadou et Mariam nous inspirent tous là.

michouthe
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Merci Madigbè, sinon ils font la fièrté du Mali et de l'ensemble du continent

Abdallah Azibert
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J'adore ces musiciens depuis mon enfance

michouthe
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ben Abdallah, continue surtout à les admirer car ils n'ont pas fini de nous emerveiller