Ah ce vieux Manu !

Article : Ah ce vieux Manu !
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29 avril 2013

Ah ce vieux Manu !

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Manu Dibango (Crédit photo Wikimedia Commons)

 

Je vous assure, je l’adore ce monsieur avec son éternel crane rasé et son rire beat. Manu Dibango, de son vrai nom Emmanuel N’Djoké Dibango, est un saxophoniste et chanteur camerounais de jazz et de soul makossa. Je ne me voyais pas faire un papier sur Manu jusqu’à ce samedi (27-04-2013) où j’ai vu ce vieux Monsieur de 80 ans passé dans une émission de TV5 Monde /Afrique. Du coup, je me suis dit : tiens personne n’a encore parlé de ce mec sur notre plateforme Mondoblog. Même pas ces compatriotes qui pourtant sont si présents et si actifs sur la plateforme. Et bien fort audacieux, j’ai pris le risque de faire sommairement le portrait de ce chantre des musiques d’Afrique.

Ne en 1933 à Douala, Manu Dibango arrive en France à la fin des années 1940 pour y poursuivre ces études.  C’est à Reims qu’il s’initie au saxophone et commence à se produire dans les boites au grand dam de son père qui lui coupe les vivres en 1956.

De multiples contrats l’amènent en Belgique et lui permettent d’africaniser sa musique au contact de la diaspora congolaise. Ainsi, dans l’ambiance de l’indépendance du Congo belge, il intègre l’orchestre du Grand Kallé avec qui il enregistre plusieurs disques à succès ; on se rappelle du mémorable titre « Indépendance tcha tcha ».  C’est à Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa, qu’il lance le « Twist » en 1962.

A la fin des années 1960, il devient une véritable star dans le milieu du jazz à Paris. Il multiplie les collaborations, notamment avec Dick Rivers et Nino Ferrer.

En 1972, avec « Soul Makossa » il fait la conquête des Etats Unis ou il effectuera une tournée. D’ailleurs le titre éponyme de « Soul Makossa » sera repris par les grandes voix de la pop américaine dont Michael Jackson, Rihanna pour ne citer qu’eux. D’ailleurs, en 2009, il décide d’attaquer les maisons de disques de Michael Jackson et de Rihanna (Sony BMG, Warner et EMI) pour avoir utilisé sans autorisation le thème de Soul Makossa.

Dans les années 1980, Manu  accompagne quelques une des vedettes de la variété française, notamment Serge Gainsbourg.

1992, c’est l’année de la réalisation de « Wakafrika » le grand projet proposé par Ives Bigot de la FNAC (Fédération nationale d’achats en France) musique. Wakafrika est un album de reprises des plus grands tubes africains avec la crème des artistes africains et des musiciens internationaux. L’album, dont George Acogny assure la réalisation et Philippe Poustis la production exécutive, paraîtra dans le monde entier. Avec ce projet ambitieux d’unité africaine par la musique, Manu se propose de revisiter le patrimoine de la chanson africaine en invitant les ténors  Youssou N’dour sur Soul Makossa, King Sunny Ade sur Hi-Life, Salif Keïta sur Emma, Angélique Kidjo et Papa Wemba sur Ami Oh !, sans oublier Peter Gabriel, Sinéad O’Connor, Dominic Miller (guitariste de Sting) et Manu Katché (entre autres). Le single Biko (avec Alex Brown, Peter Gabriel, Ladysmith Black Mambazo, Geoffrey Oryema et Sinéad O’Connor) sera remixé à Atlanta par Brendan O’Brien.

Chevalier de la Légion d’honneur de la République française depuis 2010, Manu est à l’initiative d’un festival à Saint-Calais, le  Festival Soirs au Village (titre d’une de ses chansons). Sans oublier qu’il est aussi producteur et animateur d’émissions radiophonique et télévisuelle.

Pour finir avec ce portrait, je voudrai juste que l’on retienne que ce grand monsieur des musiques d’Afrique est l’un des ambassadeurs incontestables du continent. J’ai du grand respect pour ce grand artiste qui aurait mérité le Grammy Awards américain comme Ali Farka et Youssou N’Dour ; ou une Victoire de la musique en France comme Amadou et Mariam ou Tiken Dja Fakoly.

En voici donc l’histoire d’un Monsieur qui aura quitté son Cameroun natal à l’âge de 15 ans pour s’installer en France. Malgré ce long exil, Manu est resté profondément « kamer » jusqu’à l’accent. Ah merci à TV5 de m’avoir permis de penser à ce monument des musiques d’Afrique et de sa diaspora.

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Commentaires

josianekouagheu
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Merci Michel de cette découverte. C'est un plaisir immense pour moi, de savoir qu'un Malien, aime comme moi, le vieux Manu. Je l'ai découvert entièrement grâce à Ruth, une amie de classe qui est aussi sa nièce. Et je t'assure, sa musique me berce depuis. J'adore le billet...

michouthe
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Tu sais, je l'ai découvert grâce à soul makossa; et depuis j'en suis devenu fan. En outre je l'ai suivie un moment sur Africa N°1 quand il animait une émission. Ma chère josiane je suis content que tu es partagé mon enthousiasme pour ce grand Monsieur des musiques d'Afrique.

nathyk
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Excellent article. Tu es un vrai pro Michou !

michouthe
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quel honneur; et bien tu va me faire rougir Nathali si tant est que je peux. Merci pour ce commentaire