« Les Etonnants Voyageurs » de Bamako m’ont révélé Alain Mabanckou, un écrivain noir d’Afrique qui ne s’est pas enfermé dans sa « noirceur!

Article : « Les Etonnants Voyageurs » de Bamako m’ont révélé Alain Mabanckou, un écrivain noir d’Afrique qui ne s’est pas enfermé dans sa « noirceur!
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14 janvier 2013

« Les Etonnants Voyageurs » de Bamako m’ont révélé Alain Mabanckou, un écrivain noir d’Afrique qui ne s’est pas enfermé dans sa « noirceur!

Alain Mabanckou au salon du livre de Paris en 1010 (Wikipedia)
Alain Mabanckou au salon du livre de Paris en 1010 (Wikipedia)

 

Ma motivation pour parler d’Alain Mabanckou ne relève pas seulement d’un simple intérêt pour son œuvre littéraire, mais de l’admiration pour l’homme et l’envie de parler de quelqu’un que j’ai pu entrevoir lors de quelques éditions des Etonnants voyageurs auxquelles il a participé.

Un mec nonchalant, un charme foudroyant et un calme olympien, ce sont là quelques traits caractéristiques de ce grand monsieur des lettres africaines. Je parle de lui pour bien de raisons, d’abord pour l’autographie qu’il m’a signé en 2003, puis pour avoir, à quelques reprises, répondu à mes mails. Donc vous comprenez ma motivation pour ce billet.

Alain est né le 24 février 1966 à Pointe Noire au Congo. Il y passe son enfance et obtient un baccalauréat en lettres et philosophie au lycée Karl Marx. Baccalauréat en poche, il s’oriente vers le droit, sa mère souhaitant qu’il devienne magistrat ou avocat. Après un premier cycle de droit privée à l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville, il obtient une bourse d’études pour la France à seulement 22 ans. Ce jeune homme, déjà à son arrivé, traine dans ces affaires quelques manuscrits, des recueils de poèmes pour la plupart qu’il commencera à publier trois ans plus tard.

Détenteur d’un DEA de droit obtenu à l’université Paris-Dauphine, Alain Mabanckou travaille chez Suez-Lyonnaise des eaux pendant dix ans. Parallèlement, il se consacre à l’écriture, qui ne va pas tarder à le submerger, et fait paraitre un premier roman « Bleu-Blanc-Rouge » chez Présence Africaine en 1998. C’est avec ce roman qu’il reçoit sa première distinction avec le Grand Prix Littéraire de l’Afrique Noire et se voit propulser dans une carrière d’écrivain. En effet, Mabanckou est prolifique car il publie avec régularité aussi bien de la prose que de la poésie.

Mabanckou se révélé au grand public par son roman « verre cassé » paru chez le Seuil en 2005 qui est unanimement salué par la presse, la critique et les lecteurs. Pour ma part, je fais sa découverte en 2003 lors de la troisième édition des Etonnant voyageurs de Bamako. Il y présente son roman qui venait de paraitre un peu plutôt en 2002 chez le Serpents à Plumes, « Les petits fils nègres de Vercingétorix » qui, m’a tout de suite accroché par son titre. Mais c’est en 2006 qu’il obtient la consécration avec « Mémoire de porc-épic », parut chez le Seuil. Ce roman remporte le 3ème Renaudot pour un africain, après Yambo Ouologuem en 1968 avec « Devoir de violence » (Seuil) et Ahmadou Kourouma en 2000 avec « Allah n’est pas obligé » (Seuil). Puis, suivra  en 2009 « Black Bazar » (Seuil) ; « Demain j’aurai vingt ans » (Gallimard) préfacé par le Nobel franco mauricien Jean-Marie Gustave Le Clézio, plus connu sous la signature J. M. G. Le Clézio ; et 2013 voit paraître aux éditions du Seuil dans la collection Fiction et Compagnie le tout dernier roman de Mabanckou intitulé « Lumière de Pointe-Noire ». Un roman, se situant entre la fiction et l’autobiographie, est le retour au pays natal, version Mabanckou. Il y raconte son retour dans sa ville natale en mêlant un romantisme nostalgique et une démarche volontariste du sujet postcolonial à la recherche de son passé, l’écrivain évoque les lumières et les ombres de cette cité qui fut son « paradis d’autrefois ».

Bien que reconnu par ses romans, Alain Mabanckou n’en demeure pas moins un excellent poète. Car il possède une importante production poétique, qu’il a commencé plutôt en 1993 avec « Au jour le jour » (Maison Rhodanienne de poésie) ; puis suivra « La légende de l’errance » (Harmattan, 1995), « L’usure des lendemains » la même année (Nouvelles du Sud), et enfin en 2007, le Seuil propose dans sa collection « Points »  son œuvre poétique complète.

Par ailleurs, Mabanckou ne se limite seulement à ces deux genres littéraires, il publie aussi des Essais, des Nouvelles, et même une Anthologie (consacrée à 6 poètes d’Afrique francophones : Senghor, Birago Diop, Bernard Dadié, Loutard, U Tam’si et Rabemananjara). Sans oublier qu’en 2010, il publie « Ma sœur Etoile » pour la jeunesse chez Seuil-jeunesse.

Cette importante œuvre littéraire que nous venons d’entrapercevoir a reçu de nombreuses récompenses et remporté de notre distinctions dont : le Prix de la Société des poètes français en 1995 pour L’usure des lendemains ; le Grand prix littéraire d’Afrique noire, pour son premier roman, Bleu-Blanc-Rouge, 1999 ; le Prix du roman Ouest-France-Etonnants Voyageurs, le Prix des cinq continents et de la francophonie et le Prix RFO du livre en 2005, pour Verre cassé ; Mémoires de porc-épic (2006) reçoit à la fois 4 prix : le Prix Renaudot , le Prix de La Rentrée littéraire, le Prix Aliénor d’Aquitaine, le Prix Créateurs Sans Frontières (2007, Ministère français des Affaires Étrangères) ; toujours pour « Verre cassé » en 2009, Prix Franco-israélien Raymond Wallier ; et enfin le Prix Georges Brassens en 2010, pour Demain j’aurai vingt ans. Pour les distinctions il est  citoyen d’honneur de la ville de Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime, France), en 2004, Chevalier de la Légion d’honneur par décret du Président de la République française, 2010, Citoyen d’honneur de la ville de L’Haÿ-Les-Roses (France) en 2012. Et pour couronnée le tout, l’Académie Française lui décerne le Grand Prix de littérature Henri Gal 2012, prix attribué par l’Institut de France pour l’ensemble de l’œuvre.

Cet immense écrivain à l’écriture talentueusement menée  enseigne depuis 2006 à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Il y enseigne, notamment, la littérature francophone et vit à Santa Monica dans le même Etat.

L’immensité de son talent dépasse le monde francophone, ce qui fait qu’aujourd’hui, il est traduit dans une quinzaine de langues dont : l’anglais, l’américain, l’hébreu, le coréen, l’espagnol, le polonais, le catalan, l’italien… . En outre, son chez d’œuvre romanesque Verre cassé a fait l’objet de plusieurs adaptations théâtrales.

Alain Mabanckou, c’est des succès de librairie, mais c’est aussi des succès commerciaux avec des critiques de presse d’une haute facture. Ainsi, Black Bazar est, à sa parution en 2009, classé parmi les 20 meilleures ventes de livre en France dans la liste de l’Express, du Nouvel Observateur, et de livres hebdo. Demain j’aurai vingt ans est parmi les grands romans de la rentrée littéraire française de 2010 (le Figaro, le Nouvel Observateur, Marianne, Live, la quinzaine littéraire…).

Pour en terminer avec ce billet que j’ai eu grand plaisir d’écrire, je voudrais remercier le ciel de nous l’avoir donné. Mabanckou a, à mon sens, révolutionné la littérature africaine d’expression française, car il a rompu avec le discours qui découle du piège de l’affrontement basique entre la civilisation noire et blanche. En revanche, il privilégie l’autocritique pour pouvoir poser un regard juste sur le monde. C’est de ce sujet qu’il traite dans son Essai « Le sanglot de l’homme noir » paru chez Fayard en janvier 2012 et classé parmi les meilleures ventes d’essais et de documents.

Véritablement, Alain Mabanckou fait parti de ses hommes et femmes par qui, l’Afrique se révèle brillamment au monde. Comme pour dire qu’il existe une Afrique du succès antinomique de l’Afrique chaotique qui fait la une des medias.

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