Polygamie : de Dieu et des hommes, l’autre calvaire des femmes maliennes !
Il s’agit là d’une pratique ancienne qui s’inspirerait du Coran (Livre saint de l’islam) et des us et coutumes maliens. Mais sachez le tout de suite, la polygamie, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est la cause principale de dislocation de nombreuses familles au Mali d’où l’intérêt de s’y attarder un moment.
Je ne suis pas moi-même issu d’une famille polygame, et cela peut se comprendre aisément pour la simple raison que je suis chrétien et que cette religion proscrit la polygamie. Cependant, j’en ai côtoyée des familles polygames. Et c’est pour attirer l’attention sur une pratique qui fait souffrir le martyre pour de nombreuses femmes que je me suis décidé à rédiger ce billet.
A la limite, je suis tenté de dénoncer abjectement l’origine religieuse de cette pratique tant le tableau qu’elle offre semble venir d’un autre temps. Je me rappelle encore de cette famille polygame voisine de la notre à Ségou. Une famille qui a croulé sous l’imposant poids de la polygamie. Je ne vous parle pas de toutes les fois ou mes parents ont du intervenir pour apporter le calme dans cette famille qui se donnait perpétuellement en spectacle dans notre carré (appellation courante au Mali des habitations d’une même rue). Le vieux Konaté d’apparence calme et très bon musulman se voulait un chef de famille responsable. Sauf qu’en se mariant à deux femmes il se doutait peu des complications qui vont avec. Il va de soi que la polygamie soit pleine de conséquence néfaste. Elle à l’origine de nombreuses dissidences entre couples, amène le trouble dans de nombreux foyers. C’est difficile de croire que des coépouses puissent s’entendre et s’aimer. Pour en venir au cas spécifique de la famille Konaté, je vous avoue que la polygamie y a causé de nombreuses fractures jusqu’aux enfants. Ainsi, les enfants du même homme sont devenus plus adversaire que frère, ne partageant ni maison ni nourriture. On voit bien que les conséquences de la polygamie ont été dramatique pour la famille Konaté ; la déflagration familiale s’est étendu jusqu’à la future génération de cette famille.
Je me rappelle aussi que déboussolée Atta, la seconde femme du vieux konaté, n’hésitait pas à se confier au premier passant. Elle étalait dans la rue les secrets familiaux même les plus intimes. Sous le coup de la jalousie, elle tombe dans la violence à l’encontre de sa coépouse et va jusqu’à la tabasser parfois. Cette débâcle l’entraine dans une situation de détresse qui l’amène chez les marabouts, les charlatans et autres voyants. Enfin, on se rend compte que cette pratique pose plus de problème qu’elle n’en résolve.
Mais pourquoi la polygamie résiste t- elle à l’évolution sociale au Mali?
Il semblerait que cette pratique est antérieure à l’islamisation du Mali. Cela se justifie d’autant plus que la polygamie est une pratique très ancré dans la société traditionnelle malienne. Plusieurs raisons expliqueraient la pérennité de cette pratique. Pour beaucoup d’époux polygames la deuxième ou même la troisième noce s’expliquerait le plus souvent par la mauvaise conduite de la première ou des premières. Ils expliquent qu’une fois au foyer la première femme change littéralement de comportement et s’érige en impératrice. Elle devient insolente et tente même d’imposer sa loi à la famille (au Mali très généralement la famille est larges, car les fils de la famille se marient et restent vivre chez leurs parents). Par ailleurs d’autres évoquent le caractère volage de leurs premières épouses, ou parlent de maladie incurables comme la stérilité irréversible, la fistule vésico- vaginale, etc.
En revanche, de nombreuses femmes sont partisanes de cette pratique pour le respect disent-elles non seulement de la religion, mais et surtout de nos traditions. Pour elles, les hommes par leur comportement d’injustice seraient à l’origine de tous les maux dans les familles polygames. Ces femmes dénoncent tout particulièrement le comportement de certains époux qui n’hésitent pas à montrer carrément leur préférence parmi leurs épouses. De telles injustices sont non seulement proscrites par la loi républicaine mais et surtout par la loi religieuse.
Comme on a pu le constater, la polygamie est autorisée par l’islam et constitue une pratique traditionnelle au Mali. En islam on peut même épouser jusqu’à 4 femmes avec la ferme recommandation de les traiter équitablement. On aurait compris que cette exigence religieuse n’effraie point les polygames tant cette relève plus d’une nécessité que d’une volonté religieuse. C’est le cas par exemple de ruraux qui, pour des raisons évidentes de mains d’œuvre, se marient à plusieurs femmes. Encore que le motif économique ne serait pas le seul, il existerait des raisons liées à la virilité notamment.
Jadis, source d’équilibre social et de développement de la société, la polygamie est devenue aujourd’hui cause de désordre social. Entre crise de jalousie et conflit d’intérêt, la plupart des familles polygames sont devenue le théâtre de confrontations. La violence a investit les foyers polygames, et certains chef de famille de leur vivant sont entrain d’assister à la dislocation programmée de leur famille. Donc plus besoin d’affirmer que cette pratique est rentrée dans une phase révolutionnaire. Et l’on retient que ce qui faisait l’harmonie et le bonheur de nos familles d’hier ne le fait pas forcement aujourd’hui. Prenons donc garde d’évoluer avec notre temps et d’arrêter avec cette pratique qui est entrain d’entamer notre tissu social.
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