Paraphe de l’Accord d’Alger : La nécessaire interrogation sur son bien-fondé !

13 mai 2015

Paraphe de l’Accord d’Alger : La nécessaire interrogation sur son bien-fondé !

Crédit photo, Michel
Crédit photo, Michel

Tout ou presque semble mis en œuvre pour ce vendredi : les déclarations d’intentions, les invitations officielles. En effet, c’est ce Vendredi que Bamako abritera la cérémonie de signature de l’accord d’Alger. Au déterminisme des autorités maliennes et de la communauté internationale s’oppose l’intransigeance de la rébellion à signer tout accord qui n’accorde pas, à la limite, une large autonomie aux régions Nord du Mali. Nonobstant les violations de cesser le feu de ces derniers jours, à Bamako on espère que la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad), toute la CMA sera de la partie. Plus que trois jours pour être fixé. Et aujourd’hui plus que jamais, les chances sont faibles voire inexistantes pour que les « mouvements » soient à Bamako, parce qu’il y a eu Ménaka, le 27 Avril et ses nombreuses victimes cotés rébellion. Donc, si Moussa Ag Attaher représente la Coordination, toute la Coordination, les « rebelles » ne signeront certainement rien le 15 Mai. D’où l’intérêt de s’interroger sur le bien-fondé de la cérémonie de ce vendredi.

Le réalisme doit-il prévaloir ?

De prime à bord, nous sommes en présence d’un véritable dilemme. Imaginé dans un match de football un gardien qui, sous la pression d’une attaque adverse n’a d’autre choix que de faire une passe en retrait à son gardien de but qui malheureusement a déjà déserté sa cage. La passe en retrait sera-t-il transformée ? Serait-ce un autogoal ? Probablement oui, si la CMA signe ce vendredi. Et c’est justement à  ce niveau que nous tombons dans la complexité. Ce qui m’amène à cette autre réflexion que pose Adam Thiam, éditorialiste  qui nous interroge sérieusement sur le bien-fondé de la cérémonie de ce vendredi : «L’Etat malien qui signera avec la Plateforme et la Communauté internationale n’est pas en guerre avec celles-ci. Et ceux avec lesquels il est en guerre seront non seulement absents, mais en désaccord avec…l’accord ». Donc, on n’est pas très sûr  de ce qui peut arriver le jour J, mais on reste persuader que l’Etat signe par principe de réalité. Sinon, s’il avait le choix, il n’aurait peut-être jamais signé un accord d’une aussi grande gravité pour son avenir. Face donc au principe de réalité, l’Etat aurait puis opposé un principe d’équilibre qui accorderait les mêmes droits et les mêmes privilèges à tous les maliens, du Nord comme du Sud. Car le malien lambda est convaincu que le rebelle touareg est moins méritant que le brave paysan Bo qui, malgré ses difficultés, reste fidèle à l’engagement national. C’est pourquoi, malgré les marches de protestations, les pancartes chauvins passionnées, l’agitation électronique d’internautes chauvins, les débats houleux dans les « grin » le gouvernement et avec lui la majorité des maliens adhèrent à cet accord. Non pas parce que nous sommes un pays sous tutelle, mais surtout que nous sommes un pays sous surveillance. La MINUSMA, « Barkhane», ainsi que toutes les interventions internationales en faveur de notre pays nous engage aux côtés de la communauté internationale.

Une approche consensuelle :

Jusqu’à preuve du contraire, nous pensons que le paraphe était biaisé par la CMA depuis le début du processus. Car les plus extrémistes de ses membres continuent de revendiquer l’indépendance totale de l’Azawad. D’où ce regain de violence.

Il apparait  évident aux yeux de tout observateur même moyennement averti que la CMA n’est aujourd’hui pas encore prêt de parapher. Et jusqu’au moment où j’écris ce billet, on ne connait pas encore ces membres qui se rallieraient à l’accord. Car on sait que l’aile militaire du MNLA (Mouvement National de Liberation de L’Azawad) ne nourrit aucune hâte à intégrer les forces régulières et à se voir disperser hors d’un territoire qu’elle pense contrôler. Et pour ce qui est du HCUA, on sait aussi qu’il ne se satisferait jamais d’un accord qui laisserait en pointillé le sort d’Iyad Ag Ghali

Il nous faut donc approcher l’avenir de notre pays dans un esprit consensuel. Aujourd’hui le challenge que nous avons à révéler a atteint une complexité supérieure à celle des défis proposés par le passé. Nous nous rappelons que la solution militaire s’est le plus souvent révéler inopérante dans la résolution des récurrentes crises au Nord. C’est pourquoi, aujourd’hui la plus grosse difficulté consiste à convaincre la majorité silencieuse de maliens de la nécessité d’accepter l’accord. On le sait d’ailleurs, qu’à part Soumana Sacko, l’opposition malgré ses virulentes critiques, n’appelle plus à rejeter « Alger ».  Et depuis la position de l’une ses figures et non des moindres a considérable évolué au point qu’il considère désormais Alger via Bamako comme une étape vers la paix. C’est donc ensemble que nous emprunterons le chemin vers la paix. Car comme l’écrit Gaoussou Drabo, Journaliste et ancien Ministre de la communication le défi aujourd’hui est de transformer toutes nos hantises en investissement positif dans la multitude de défis qui suivront la signature. Et qui devraient réconforter la Nation malienne. Mais après tout un accord de façade vaut mieux que pas d’accord du tout.

Donc vivement un vendredi historique pour la paix et la réconciliation au Mali.

Partagez

Commentaires