4 mai 2015

Spirale tragique en Méditerranée !

Image, créative Common
Image, créative Common

Si je n’étais pas solide comme un indomptable, plus dure que silex, je n’aurai pas ce grand courage, et cette grosse et indéfectible motivation de vouloir rejoindre l’autre rive de la méditerranée. Je suis accablé par cette irresponsabilité qui me poursuit. Pauvre de moi, je fais partie de cet impudent continent. Un continent qui n’éprouve aucune honte à envoyer ses enfants à la mort.

Le second reproche est ma dureté de cœur, et je ne peux pas plaider mon innocence de ce côté. Oui c’est contre vents et marée que je me lance à la quête d’un bonheur inespéré. Un bonheur ! Que j’espère bien retrouver de l’autre coté la grande eau. Mais voici qu’au bout de la pénible traversée, je rends fatalement ma vie. Mon histoire est celle de beaucoup de jeunes africains qui sont affligés dans leur vie au point de ne plus vouloir rester sur leur terre natale.

Il y a la mort sur la route qui mène au bonheur

Pour la jeunesse africaine paumée, le rêve est de réaliser cette odyssée pour rejoindre l’eldorado européen. A croire que Lampedusa avec le foot sont devenus leur opium. Le Mali, à l’instar de nombreux pays subsaharien, est concernée par cette vague incontrôlable de jeunes qui tente l’aventure de la traversée de la méditerranée au prix de leur vie. Et de l’autre côté de la rive on ne fait que constater le drame en recueillant les corps pour ceux d’entre eux qu’on aura retrouvé.  Sinon pour la plupart ils disparaissent complètement et pour de bon au fond de cette mer qui est en train de devenir la plus dévoreuse d’âme de toutes les mers. Il faut savoir qu’à Bamako et dans tout le pays, de nombreuses familles portent le deuil de leurs enfants dont elles ne reverront même  plus le corps. Les dernières tragédies de la Méditerranée ont frappé douloureusement le Mali. Aujourd’hui, nous ne pleurons pas une vingtaine mais plus d’une centaine de nos compatriotes restés au fond de la mer. Au passage, nous tirons le chapeau au Ministre des Maliens de l’Extérieur qui, pour la première fois, a apporté le bilan au gré de son évolution.

Cependant, au-delà de la tristesse que nous ressentons, nous nous devons de nous interroger sur les racines actuelles de cet engrenage dans les hautes eaux. De cette ruée vers l’Europe.

La chute de Kadhafi qui a réduite à l’insignifiance l’Etat libyen

Juste après la chute de Kadhafi et la Jamahiriya, certains analystes avaient attiré l’attention sur les risques qu’allait susciter la disparition du très critiquable pouvoir à plusieurs égards, mais qui assurait la régulation d’importantes contradictions internes et régionales.  Par la suite, la situation actuelle de ce pays donne raison aux prophètes de malheur. Les pourfendeurs et non moins tombeurs du Guide ont accumulé les erreurs. Ils n’ont jamais su remplacé le guide  et sa Jamahiriya. Jamais ils n’auront réussi à s’appuyer sur une force clairement identifiée susceptibles de faire naitre un nouvel ordre. Un véritable ordre capable de surmonter les contentieux entre tribus et les rivalités entre provinces. Ils ont surtout rendu perméable ce pays aux terrorismes. Et il est en train de devenir un sanctuaire de combattants qui menacent sérieusement la stabilité du Maghreb et du Sahel. C’est donc du triomphe d’une rébellion appuyée par des forces internationales supposée salvatrice qu’est né le berceau africain de l’Etat islamique et la cause principale d’une des plus graves tragédies humaines des dix dernières années.

Pour l’heure, le problème majeur sans la moindre esquisse de solution est que les réseaux de passeurs ont pignon sur rue en Libye. Car il s’agit là d’un pays ou l’autorité de l’Etat est complètement  réduite à l’insignifiance et ou les groupes armée tirent leurs révérences d’activités mafieuses.  Donc face à cet imbroglio et à cette déferlante en haute méditerranée, il urge de répondre comme il fut urgent d’appuyer les forces rebelles pour faire chuter Kadhafi. Pendant que l’Europe se démène pour avoir la juste réponse à cette situation « chaostisante », la spirale de la tragédie de jeunes africains continue en Méditerranée

Partagez

Commentaires