Au Mali, la crise sécuritaire perdure et fait plomber le secteur touristique

13 août 2014

Au Mali, la crise sécuritaire perdure et fait plomber le secteur touristique

Source : Wikipedia
Source : Wikipedia

Redorer le blason du tourisme malien relèverait d’un miracle tant la crise qu’a connu le pays fut profond et d’une ampleur sans précédent. En quatre ans, tous les espoirs d’un Mali touristique se sont effondrés  Mais quelques années plutôt, le tourisme malien avait connu un essor spectaculaire. Le produit Mali se vendait bien et la destination était prisée de touristes occidentaux épris d’exotisme.  Pour rappel, déjà en 2006 L’éditeur Lonely Planets, cité dans « Le globe-veilleur »-le bulletin électronique du réseau de veille en tourisme, positionnait d’ailleurs le Mali au 2ème rang des destinations en croissance, après la Chine et devant le Brésil, l’Islande et la Serbie-Monténégro.

Rébellion Touareg associée au narcotrafic et terrorisme ont plongée toute une contrée qui vivait quasi-exclusivement du tourisme. La crise a largement débordé du Nord pour s’étendre dans la région de Mopti, qui constitue par ailleurs la principale destination touristique au Mali. Ainsi les évènements au Nord du Mali ont eu des conséquences énormes sur le secteur. Les touristes internationaux  qui visitaient notre pays commençaient à fidéliser la destination Mali. Et pendant chaque saison touristique, ils  fréquentaient en masse les sites et participaient aux différentes manifestations touristiques et culturelles. Des festivals comme celui au Désert ou encore celui sur le Niger sont devenus des festivals de références internationales. Mais depuis 2009-2010, les chancelleries occidentales ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre au Mali, réduisant fortement la fréquentation  de nos sites et manifestations. De 250 000 visiteurs en moyenne par an, ils n’étaient plus que 120 000 en 2009, soit une réduction de plus de 50% du taux de fréquentation. Aujourd’hui, à part les inconditionnels, on dénombre moins de 50 000 visiteurs par an. Depuis deux ans plus aucun vols charters sur Mopti et Gao ; les opérateurs touristiques en difficultés financières due notamment à des annulations de réservations dans les hôtels, la réduction des dépenses liées à la visite des sites (guidage, location véhicules, restauration, artisanat etc.). Plusieurs entreprises (agences de voyages, tours opérateurs etc.) agonisent et ont du mal à payer leur personnel. Les investissements touristiques ont fortement baissé ; de nombreux projets touristiques surtout hôtelier sont à l’arrêt ; sans oublier le désespoir de prestataires informels. Cette situation dramatique que connait le secteur touristique s’illustre parfaitement le marasme du pays dogon, principale destination touristique.

Le « Pays Dogon », abandonné par les touristes, agonise !

Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO  sous le nom « Falaise de Bandiagara », le pays dogon, fort de son potentiel culturel riche et varié, est sans doute une destination touristique phare de l’      Afrique de l’Ouest. Mais depuis fin 2009, cette zone est classé orange ou rouge par les grands pays émetteurs de touristes au Mali. Il s’agit des pays comme la France, Les Etats Unis, L’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, la Suède, la Norvège etc. Cette alerte interdit aux ressortissants de ces pays de visiter notre pays pour cause d’insécurité. Ainsi, on assiste depuis un peu plus de 3 ans à une rapide décroissance et même à l’arrêt du flot de visiteurs sur les sites majeurs du pays dogon. Et toute la région de Mopti s’en trouve affecté, car les retombées économiques de cette activité pour la région étaient estimées à près de 6 milliards de Franc CFA. On l’aura compris que cette crise sécuritaire au Mali aura fait payer à toute une région un lourd tribut : Les ressources des collectivités ont considérablement baissé ; la baisse du pouvoir d’achat ; le manque d’entretien du patrimoine architectural, culturel et touristique. Sans oublier que cette crise touristique a fini par jeter dans la précarité une bonne partie de la jeunesse, désormais désœuvrée. Beaucoup de guides ont immigrés à Bamako. Ne sachant plus à quel saint se vouer, ils sont devenus pour les uns voleurs et pour les autres toxicomanes et alcooliques.

La profondeur et la gravité de cette crise n’a d’égal que l’urgence d’en sortir.

Plus d’une fois, les opérateurs publics et privés ont pensé, imaginé, envisagé des voies et moyens pour relancer le tourisme malien. Mais hélas sans succès ! C’est pourquoi aujourd’hui, avec une relative amélioration de la situation sécuritaire, les nouvelles autorités se doivent de convaincre les pays occidentaux de lever l’interdiction de visite qui frappe le pays Dogon.  Les autorités, de l’avis de nombreux acteurs locaux du tourisme, doivent renforcer le dispositif sécuritaire afin que la région redevienne « une zone verte ».

Face à l’urgence de la situation, les acteurs du tourisme, loin de se résigner, rêvent de lendemains meilleurs pour le secteur.

Pour ma part, je pense que les autorités doivent tout mettre en œuvre pour la reprise des activités touristiques qui représentent une véritable industrie.

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