L’attitude de la France m’offusque à propos de Kidal

6 juin 2013

L’attitude de la France m’offusque à propos de Kidal

Photo : la maison des artisans à Kidal. (Crédit wikipedia)
Photo : la maison des artisans à Kidal. (Crédit wikipedia)

 

La France, avec son opération serval, a certes sauvé le Mali en tant qu’Etat. Mais, a travers l’introduction volontaire des rebelles du MNLA dans le juron malien, elle a crée une situation cacophonique qui finira par faire de l’ombre à cet acte salvateur du Mali des djihadistes et autres groupes armés.

Il faut savoir que la question Kidal commence à entamer le bel amour que les Maliens ont éprouvé pour la France depuis le début de son intervention. Plus personne ne comprend rien à l’attitude de la France. Pourquoi avoir introduit le MNLA, du reste groupe armé, dans la gestion de la crise touareg si tant est qu’il existe une crise touareg typique ?

Avant d’aller plus loin dans mon propos, je tiens à préciser que le MNLA reste et demeure un mouvement indépendantiste, donc qui aspire à la séparation de la partie nord du reste du territoire malien.

Sur ces velléités indépendantistes, il faudrait rappeler que le MNLA a fait plus qu’aspirer à l’indépendance de cette partie du territoire national, il y a déjà proclamé la naissance d’une République. Face a cette situation, les maliens se posent des questions sur l’intérêt de la France à maintenir le MNLA à Kidal, et empêcher l’armée malienne d’y rentrer.

En substance les officiels français affirment et réaffirment que les élections auront lieu sur toute l’étendue du territoire malien y compris Kidal. Ils disent que l’administration malienne y sera, puis l’armée malienne plus tard. C’est bien cette lecture de la situation qui échappe à la compréhension. Comment peut-on imaginer l’administration à Kidal sans l’armée malienne ?

C’est donc dans cet imbroglio politico-sécuritaire  au Nord et surtout à Kidal que la France nous exige d’organiser des élections dans un bref délai. Il se sent comme un parfum de trahison de la part de nos libérateurs français. Tout malien autant qu’il est, reste et demeure convaincu qu’il faut s’asseoir sur la table de négociation entre nous maliens et discuter pour éviter qu’une crise pareille retouche notre pays. Il s’agirait d’un dialogue national inclusif. Car le nord Mali n’est pas peuplé que de touaregs : il y a aussi des sonrhaï ; des peulhs ; des Arabes ; des Maures ; des Dogons etc. Au-delà du Nord, cela doit un dialogue de réconciliation national touchant toutes les régions du Mali.

Certes, il faut restaurer la machine démocratique ; mais il faudrait le faire avec les conditions idoines. Au delà de l’unité nationale, au delà du retour à une norme constitutionnelle, le Mali gagnerait plus avec un processus électoral bien maitrisé. Et je pense que pour cela, il faut se donner un temps maximal de préparation.

C’est vrai qu’il ne faut pas s’éterniser dans la transition, mais il demeure indispensable que pour réussir une paix durable il faut prendre le temps de corriger toutes les erreurs du passé.

Pour en finir avec mon propos, je demande à la France d’aller au bout de ce formidable travail de libération intégrale du territoire malien. Bien sur le nouvel élan de l’Amitié franco-africaine n’en sera qu’augmenté.

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Commentaires

serge
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La France démontre une profonde incompréhension de la situation malienne. Comme dans le passé celles du rwanda et du Congo. On vera bien où cela menera

michouthe
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Slt Serge d'avoir passé, Rwanda, Congo, Mali... et plus encore

Baba MAHAMAT
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Très belle argumentation et une excellente lecture de la situation que je partage avec toi mon frère. Nous avons l'impression que c'est finalement la France qui dicte tout aux autorités de transition au Mali, est-ce parce que la main qui donne est au dessus de celle qui reçoit, qu'est ce que la France a à gagner en introduisant le MNLA au menu? Ne voit-on pas que les élections prévues, auront lieu dans moins de deux mois? quelles sont les avancées faites déjà en ce qui concerne les élections? On pourrait se poser autant de questions mais leurs réponses nous rendra sceptiques quant à la date prévue pour les élections.
Peace à toi!
Ton frère Baba

michouthe
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Merci mon frère pour la clairvoyance de ton analyse. Nous sommes entrain de vivre "une recolonisation". J'espère que le mot n'est pas fort.