Arrestation d’un journaliste à Bamako : une intrusion de plus de l’ex-junte ; une menace réelle sur la liberté de la presse.

12 mars 2013

Arrestation d’un journaliste à Bamako : une intrusion de plus de l’ex-junte ; une menace réelle sur la liberté de la presse.

point de vente journaux à Bamako (Photo Michel)
point de vente journaux à Bamako (Photo Michel)

S’il ya une chose avec laquelle le Mali pouvait encore être fier, c’était bien la liberté de la presse. Ici, on n’hésitait pas à se venter de l’émergence qu’à connu ce secteur depuis l’avènement de la démocratie au début des années 1990.

Le sujet qui fait l’objet de mon billet d’aujourd’hui est loin d’être réjouissant : il s’agit ni plus ni moins d’une atteinte grave à la liberté de la presse dont est si fier beaucoup de maliens. En effet depuis quelques temps (depuis le Coup d’Etat du 22 Mars 2012), on assiste à une sérieuse dégradation des conditions de travail des journalistes et autres communicateurs maliens sans que les autorités de transition aient émis une réaction de condamnation.

De tous les soubresauts de l’ex-junte, ce qui m’inquiète tout particulièrement, ce sont ces actes d’intimidations à l’égard de journalistes qui deviennent de plus en plus récurrentes. On se rappelle encore du passage à tabac de deux journalistes responsables de presse l’année dernière (Notamment le cas de Saouti Haïdara, 70 ans, directeur de publication du journal « l’Indépendant » qui a été  enlevé, tabassé avant d’être relâché quelques heures plus tard, le 12 Juillet 2012 à Bamako). Et plus récemment, le samedi 02 Mars 2013, l’animateur de la radio Kayira de Niono Dramani Traoré fut mortellement agressé chez lui. En plus de Boukary Daou, qui est détenu depuis Mercredi, 06 Mars 2013 par la Sécurité d’Etat (SE, le tout puissant service des renseignements au Mali), le Républicain, -quotidien dont est directeur de publication Monsieur Boukary Daou-, continue d’être harceler par des éléments de la SE. Suite donc à ces récurrentes harcèlement, intimidation, et de multiples interpellation dont est victime la presse privée malienne ces derniers temps, l’ensemble de la profession (presse écrite et audiovisuelle) a décidé de décréter le Mardi 12 Mars 2013 une journée sans presse au Mali et cela jusqu’à la libération du journalisme Boukary Daou. Et donc en tant que bloggeur, je me réjouis de m’associer à leur indignation à travers la rédaction de ce billet.

Faces à ces graves atteintes à la liberté de presse dans mon pays, j’avoue n’est pas être très serein en tant que simple et pauvre bloggeur. J’imagine que par ces temps qui courent il est imprudent de critiquer le capitaine Sanogo. J’imagine aussi que si je suis encore épargné, c’est parce que dans un premier temps que  l’on ignore l’existence de notre plateforme mondoblog, et le type ou même le nombre de public qu’elle peut atteindre ; puis dans un second temps c’est parce que tout simplement mon blog est loin d’avoir le même calibre que ces organes de presse, encore moins la même influence. Sinon, ceux qui me font le grand honneur de me lire souvent auront certainement remarqué que je n’ai pas toujours été tendre avec l’ex-junte dans mes billets. Rappelez-vous encore de mon papier sur la démission forcé de Cheick Modibo Diarra (Crise au Mali, c’est à n’y comprendre plus rien) ; ou plus récemment de mon billet sur la nomination du Capitaine Sanogo à la tète du Comité de reforme de l’Armée malienne (le Capitaine Sanogo à la tête du Comite Militaire de reformes des forces armées de défense et de sécurité pour les honneurs et les prébendes).

A l’analyse de toute cette situation, -dans laquelle, malgré le retour à l’ordre constitutionnel, l’ex-junte continue de s’incruster dans la gestion de l’Etat-, j’ai l’impression que le Mali est assis sur une gigantesque bombe à l’entente de détonation. Oui vous n’imaginez pas combien tout cela me fait mal : ces intrusions récurrentes de l’ex-junte sont écœurantes, les harcèlements et intimidations à l’égard de la presse sont écœurants, cette espèce de « tutellisation » des autorités de transitions est écœurante, mais le plus écœurant, c’est de voir que le président de la république par intérim joue les complices en défendant la sécurité d’Etat par rapport à l’interpellation de Boukary Daou.

J’imagine qu’avec moi toutes celles et tous ceux qui sont épris de justices, de liberté de la presse et fondamentalement de respect des droits de l’homme se sentent indignés par ces intimidations à l’égard de la presse malienne. C’est par ma petite voix, je souhaite vivement la libération de ce journaliste et la cessation de toutes intimidations et harcèlement à l’égard des journalistes. En revanche, en ces moments très difficiles pour le pays, j’en appelle et  je termine là-dessus au sens élevé  du professionnalisme chez les journalistes maliens dans le traitement de l’information.

 

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