Un Samedi à Bamako : ferveur « Hollandaise » et footballistique

Article : Un Samedi à Bamako : ferveur « Hollandaise » et footballistique
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4 février 2013

Un Samedi à Bamako : ferveur « Hollandaise » et footballistique

Bain de foule à Bamako pour François Hollande, le 2 février 2013. REUTERS/Joe Penney
Bain de foule à Bamako pour François Hollande, le 2 février 2013.
REUTERS/Joe Penney

On pourrait croire que cette année sera bonne pour le Mali. Ce samedi 2 février fut une journée effervescente à Bamako, car en début de soirée la place de l’indépendance recevait François Hollande, le président français, le libérateur. Puis plus tard dans la nuit, la ville explosait de joie pour célébrer la qualification des Aigles en demi finale de la 29ème édition de la CAN, en sortant le pays organisateur l’Afrique du Sud après la fatidique séance de tirs au but.

Ferveur « Hollandaise » !

Je me plains beaucoup d’avoir manqué ce passage de François Hollande à Bamako. Quand je dis que l’ai manqué, c’esparce que je n’ai pas pu faire le déplacement sur la place de l’Indépendance, surpris par un message en bas de l’écran de mon téléviseur qui annonçait la retransmission en direct d’une cérémonie d’accueil du président français. Qu’à cela ne tienne, j’ai suivi avec beaucoup d’émotion la cérémonie à la télé.

Ce fut, à mon avis, un grand moment d’histoire qui marquera longtemps les relations franco-maliennes. Le président de la République française dira même que ce fut la journée la plus importante de sa vie politique. Oui ce fut véritablement un samedi de ferveur « hollandaise » au Mali. De Mopti à Bamako, en passant par la mythique Tombouctou, les Maliens ont réservé un accueil très  chaleureux à Hollande et sa délégation. J’ai même entrevu Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères de France, en larmes tant le moment était chargé d’émotion. J’espère que les pourfendeurs de l’intervention française au Mali se sont rendus compte de la nécessité de cette intervention, sans aucune mesquinerie idéologique. Car, pour ceux-là qui pensent à une forme de néocolonialisme de la part de la France, je leur dirais ceci : le Mali devrait être secouru indispensablement, et cela par toutes les bonnes volontés. Dans tous les cas, la presse malienne et même Mondoblog s’en donnent à cœur joie.

Ainsi le quotidien national d’information, L’Essor titrait à sa une : « Un samedi magnifique à Bamako », le journal affirmant que cette visite de François Hollande avait eu lieu en toute amitié et en toute sincérité. Et Mamady Keita, depuis l’Ukraine, titre un billet sur son blog : « Le samedi historique malien vu d’Ukraine », et évoque ainsi le double bonheur des maliens avec la visite historique de François Hollande et la qualification des Aigles en demi-finale de la CAN. Donc, ne serait-ce qu’avec cette ambiance de visite présidentielle française à Bamako, il fallait être à Bamako, mais pas seulement car le meilleur était encore pour la nuit.

Ferveur footballistique !

Le malien Seydou Keita (REUTERS/Rogan Ward)
Le malien Seydou Keita (REUTERS/Rogan Ward)

C’est à 18h30 heure bamakoise que l’arbitre camerounais donnait le coup d’envoi du quart de finale qui opposa l’Afrique du Sud au Mali. D’entrée de jeu, les Aud-Africains affichent leur volonté avec un jeu en avant, en bouffant le milieu de terrain malien. Cette nette domination va se confirmer avec l’ouverture du score des Bafana Bafana par l’intermédiaire d’Anthony Rantie, peu après la demi-heure de jeu  (31e minute), faisant exulter les milliers de supporters présent au Moses Mabhida de Durban.

A ce moment précis, cloitré dans mon fauteuil, je suis resté pantois et ma femme s’est énervée en lançant au passage que les Aigles nous décevaient tout le temps comme cela. Au retour des vestiaires, les supporteurs des Bafana Bafana continuent à faire la fête, car leur équipe mène, jusqu’à 58e minutes ou le Capitaine Seydou Keita reprend d’une tête piquée un centre de Samassa venant de la gauche : 1-1. Puis plus rien à l’issu des 90 minutes de temps réglementaire, et des 30 minutes de prolongations. Vient ensuite l’épreuve fatidique des tirs aux buts dans laquelle les Aigles ont déjà dominé le Gabon l’année derrière, chez elle ,au même niveau de compétition, notamment grâce à l’excellent Soumaila Diakité.

Finalement, le Mali gagne par 3 tirs au but à un, donnant lieu à une explosion de joie à Bamako. Pendant une bonne partie de la nuit, la ville a vibré au rythme de klaxons et de toutes sortes d’objet émettant du son ; et moi j’ai pris congé de ma femme aux anges pour prendre part à la fête en ville malgré l’état d’urgence : ce fut véritablement l’apothéose d’une journée qui a été pleinement joyeuse. Cette qualification fait respecter, et je tiens à le faire savoir, une tradition de l’équipe malienne, à savoir que jamais les Aigles n’ont été battus par le pays organisateur et jamais la sélection nationale ne s’est faite éliminer au stade des quarts de finale. Ce qui fait qu’en huit participations à la phase finale de la CAN, les Aigles sont arrivé 6 fois en demi-finale (1972, 1994, 2002, 2004, 2012 et 2013). Et pour la deuxième fois consécutive, ils s’offrent le pays organisateur.

Le samedi à Bamako, comme pour paraphraser Amadou et Mariam, ce fut le jour de ferveur populaire, d’une part pour Hollande et d’autre part pour les Aigles. Il ne me reste plus qu’a souhaiter que ce samedi soit le déclic pour un Mali un et indivisible faisant face à sa vraie guerre : celle d’enrôler ces filles et garçons à l’école, celle de pouvoir mieux soigner ces populations, celle enfin de pouvoir offrir à tous les Maliens des opportunités pour s’épanouir dans un monde global qui n’attend pas les retardataires, dixit Dioncounda Traoré ,le président de la République du Mali par intérim.

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